Naissance d'un nid d'amour ♥

Quel retour ! Un étrange silence avait envahi la pièce à son retour, mais que dire une fois que Yosuke soit découvert ! Il aurait surement voulu admirer le dos de la belle Ami, mais il n'eut d'autre choix qu'un visage troublé lorsque celle-ci se tourna pour l'attraper au niveau de la chemise. Son visage était beaucoup trop proche pour ne pas voir qu'il rougissait de mêler ses yeux aux siens. Elle avait l'air paniquée, elle aussi. Mais ses yeux... Il fondait presque sur place. Hélas, il revint à la réalité lorsqu'elle lui annonça le compte-rendu de son coup de fil. Plus de place dans aucune autre chambre... Voilà qui devenait un sacré problème. Au fond de lui, il n'était pas dérangé par la situation, même si pour dormir, tout serait plus compliqué. Mais se dire qu'il serait le colocataire de cette si jolie princesse... Il en rêvait presque. Un rêve qui n'était pas si loin de la réalité, vu la situation. Si seulement son bon sens et sa volonté de bien faire n'intervenaient pas pour chercher une autre solution. Ce "miracle" devrait sortir d'un chapeau magique alors, car ils n'avaient plus vraiment le choix.

Avant qu'il ne puisse répondre, le blondinet vit la jeune fille rougir en regardant le lit, qui était visiblement grand pour deux, si ce n'est plus... Il ne s'imaginait pas dormir dans le même lit qu'Ami, simplement car sa conscience cachait ses yeux à une vue beaucoup trop plaisante pour lui. Et d'un seul coup... Quelque chose bascula... Comme une de ces révélations qu'on n'attend pas en répondant à un appel masqué, ou comme ces nouvelles qui vous frappent si fort en une fraction de seconde qu'on l'assimilerait à une crise cardiaque. Là, il fallait envoyer un éléphant pour se représenter le bouleversement de leurs rapports, après que la jolie poupée se soit confessé sous la panique. Il avait d'abord lever un sourcil en se demandant de quoi elle parlait, car il n'avait aucune intention de l'espionner en quoi que ce soit. La suite était encore plus troublante, si bien qu'il fallut attendre sa seconde réponse pour réagir. Il buguait, littéralement, ayant l'impression d'avoir loupé quelque chose. Yosuke avait très bien entendu, il n'en avait pas raté une miette, mais ces propos l'avaient... Éteins. Et finalement. Le choc.

Ami, cette petite fille frêle et magnifique, à la tête de ce pensionnat ? Avait-il bien entendu ? Il ne rêvait pas : elle avait bien dit qu'elle gérait ce pensionnat à elle toute seule, et il ne voyait qu'une seule personne capable de cela. Le blondinet avait entendu parler d'une directrice très jeune qui s'occupait du pensionnat suite à la mort de son père, et il pensait qu'elle devait être froide et austère, au point de rester cloitrée dans son antre qu'est son bureau. Ami Tadakai... Il ne but s'empêcher une expression d'horreur sur son visage. Non pas qu'elle le dégoutait, mais plutôt qu'il avait perdu la vie, en quelques secondes. La bouche béante, le regard vide, il n'y a avait plus aucune lumière en lui, plus aucune couleur. Depuis tout ce temps, il faisait des familiarités avec la directrice. Il était même passé pour un pervers à certains écarts. Il avait vu ses.... Aaaaaaah ! Le jeune homme n'en pouvait plus, une bouffée de chaleur lui rendit son âme, mais il avait tout de même perdu la voix. Il tremblotait, la peur au ventre et l'envie pressante de fuir cette chambre où ils étaient en tête à tête. A vrai dire, Yosuke avait honte. L'envie de se mettre à genoux, de lui demander pardon de ne pas avoir considéré sa position... C'était sa faute après tout, s'il n'avait pas demandé son nom de famille dès le départ !

-Tu, tu... Vous êtes la directrice ?! Pardonnez moi ! Je ne le savais pas je le jure ! Je réparerai tous les dégâts que j'ai pu vous causer, et j'irai dormir dehors jusqu'à ce que votre chambre soit prête !

Il était à moitié décomposé, mais il avait repris de la vivacité. Néanmoins, alors qu'il reprenait peu à peu des couleurs, il se figura un élément... Ami avait bien dit auparavant qu'une personne comme elle avait du mal à se faire des amis qui la regardent comme si elle était quelqu'un de normal. Et que faisait-il en ce moment même ? Exactement la même chose. Elle devait être joyeuse de voir que Yosuke l'avait traité comme son égal, et il gâchait tout encore une fois. Il esquiva son regard, le jetant sur la moquette autour d'eux. Là, il avait vraiment honte. De ne pas s'être rendu compte. De ne pas avoir pris en compte ce qu'elle lui avait dit auparavant. Il avança, rougissant, et posa sa main sur son épaule. Sa mine était encore celle d'un jeune homme choqué, avec des yeux craintifs et des sourcils créant des vagues, mais il arborait un sourire qui se voulait sincère et compatissant. Il prit à nouveau la parole :

-Désolé Ami, je ne voulais pas que tu penses que je te rejette. Il est vrai que les choses seront un peu différentes, et que j'ai du mal à croire qu'une fille comme toi, que j'ai envie de protéger, soit la directrice de ce pensionnat ! Vous pouvez... Je veux dire, tu peux compter sur moi, je peux si tu le veux te traiter de la même façon qu'auparavant !

Avec cette sincérité, il lui fit un plus grand sourire en fermant les yeux. Il les rouvrit quelques secondes plus tard, se séparant de son épaule pour constater l'état de la chambre. Il y avait un sacré nombre de valises, entre les deux individus. Il posa ses mains sur ses hanches, comme pour s'affirmer, et lui dit en se tournant vers la "directrice":

-Puisqu'il n'y a pas d'autre solution, nous allons devoir cohabiter ensemble. Il y en a des affaires, je pense qu'un rangement s'impose ! J'ai vu que les armoires étaient assez grandes pour nous deux, on aura qu'à mettre nos affaires séparément. On réfléchira plus tard pour le reste !

Il leva son pouce en sa direction, en signe d'approbation. Le blondinet voulait se montrer à sa hauteur. Capable d'être digne de confiance. C'était extrêmement gênant, et il rougissait à vue d'oeil, mais il souhaitait vraiment mettre à l'aise sa petite protégée qui était maintenant sa directrice. Quel changement des rapports hiérarchiques ! Il ouvrit une première valise, contenant des vêtements, et en retira un tas en s'approchant de l'armoire.

-Je prendrai les compartiments de gauche, et on pourra toujours mettre des étiquettes si tu veux !

Il marqua une pause, rougissant toujours. Il venait de remarquer qu'il ne lui laissait pas vraiment le choix, et qu'il avait imposé cette solution alors qu'ils auraient pu se creuser les méninges davantage. Mais tant pis, il avait vraiment envie de passer plus de temps avec elle, et si cette colocation pouvait l'aider, pourquoi pas ! Qui sait, ils trouveraient peut-être un moyen de changer le lit et de vivre un quotidien magnifique ! Il lâcha finalement, entre deux piles de chemises et de pantalons :

-Tu sais Ami. Je ne suis pas dérangé à l'idée de faire une colocation avec toi. Après tout, certaines chambres sont mixtes aussi, et imposées par l'administration ! En tout cas, c'est un plaisir que ça soit toi, et pas un autre...

Il ne regarda pas dans sa direction, de peur d'être déçu, ou trop enchanté.. !

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